Porno en ligne : une consommation massive, un risque pour les jeunes et une urgence à réguler
OPINION. Les phénomènes d’addiction ou les impacts négatifs sur la sexualité des adolescents semblent difficiles à endiguer tant l’offre en ligne est aujourd’hui pléthorique et facile d’accès. Par François Lévêque, Mines ParisTech (*)
Le phénomène est massif, la consommation de la pornographie en ligne de plus en plus répandue, tandis qu'un Gafa du porno domine l'offre mondiale. Faut-il en parler ? Faut-il s'en émouvoir ? En parler, sans doute, même si les effets sont très mal établis, faute d'études scientifiques suffisantes. S'en émouvoir sûrement si on est parent d'adolescents ou féministe, notamment. J'ai longtemps hésité avant de traiter ce sujet. Il ne fait pas sérieux pour un économiste, sans être amusant pour autant. Mais pour la société il est important car Internet a changé l'échelle du marché de la pornographie : elle relève désormais de la consommation de masse.
Une publication récente du régulateur britannique des communications m'a convaincu qu'il était temps de me jeter à l'eau. Dans son enquête annuelle sur la consommation en ligne, l'Ofcom a estimé que 49 % de la population adulte du Royaume-Uni avait visité un site pornographique en septembre 2020, soit 26 millions de visiteurs uniques, soit encore un peu moins qu'Instagram mais un peu plus que Twitter.